Présentation

SITUATION SCIENTIFIQUE ET OBJECTIFS DE L'ECOLE THEMATIQUE

Les enjeux

L’ethnoécologie est la discipline qui s’intéresse aux interactions entre les humains et l’ensemble des entités de leur environnement, qu’elles soient vivantes ou inertes. Les ethnoécologues privilégient une approche bioculturelle qui traite des relations complexes entre les composantes biologiques et culturelles d'un système et des rétroactions entre le bien-être humain et écologique (Caillon et al. 2017; Gavin et al. 2015; Maffi and Woodley 2010; McCarter et al. 2018; Sterling et al. 2017). Cette approche, qui s’oppose à la dualité nature-culture et qui est intrinsèquement interdisciplinaire, offre des cadres flexibles qui facilitent la synthèse entre différentes métriques, systèmes de connaissance et ontologies en intégrant les connexions – y compris les convergences et les divergences – entre les savoirs locaux et scientifiques. Depuis plusieurs années, les mondes de la conservation et du développement essaient d’intégrer les savoirs locaux dans leurs programmes, mais peine à mobiliser l’ethnoécologie, cette discipline qui pourtant a le bagage conceptuel et méthodologique pour traiter ces questions théoriques et appliquées. Si l’ethnoécologie et le champ plus large des interactions bioculturelles souffrent en Europe d’un déficit d’attention de la part du monde académique, ils sont mieux représentés sur le continent américain, comme en témoigne le congrès de la Société Internationale d’Ethnobiologie en 2018 qui a réuni à Belém (Brésil) plus de 2500 participants. Il est de fait étonnant que ce champ hautement interdisciplinaire accompagné de questions de sociétés résolument d’actualité, ne soit pas plus investi par les chercheurs européens. Par les regards qu’elles portent sur l’évolution des sociétés passées en lien avec leurs environnements (écologie historique, archéobotanique), sur les relations à la nature des populations au quotidien (anthropologie de la nature, géographie culturelle), sur leurs adaptations à un monde qui change (anthropologie biologique, écologie évolutive, géographie humaine), et leur contribution à la compréhension de l’état de la planète (inventaires, compréhension des écologies), les recherches sur les interactions bioculturelles constituent un creuset d’interdisciplinarité. L’approche théorique et interdisciplinaire de cette école vise autant à affirmer un cadre théorique fort pour le monde académique qu’à cerner nos liens vis-à-vis de la société civile. Des champs récemment investis comme les ethnobotaniques migratoires, urbaines ou l’attention marquée aux marqueurs des changements climatiques dans les sociétés traditionnelles sont là pour en témoigner. Mais l’espace de discussion reste encore à ouvrir pour fédérer les chercheurs, enseignants chercheurs et étudiants qui se croisent parfois dans des réseaux peu visibles et dans des lieux dispersés.

Si cette école thématique n’accompagne aucun GIS, GDR ou réseau existant, elle pourrait bien les préfigurer. En effet, le constat du manque de visibilité et de structuration des acteurs francophones en ethnoécologie est l’un des moteurs de cette école thématique. Mobiliser une communauté de masse critique suffisante requiert de porter à la connaissance des doctorants et des jeunes chercheurs des aspects, tant méthodologiques que conceptuels, en lien avec l’ethnoécologie et les questions inhérentes aux interactions bioculturelles. Ceci permettra d’ouvrir un espace de discussion, de stimulation théorique et appliqué, qui manque actuellement. Autant novatrice du fait de l’absence d’espace dédié, qu’interdisciplinaire par essence, puisque mêlant étroitement divers domaines des Sciences Humaines et des Sciences de l’Environnement, cette école thématique a pour objectif de se transformer en un GDR sur les relations entre les humains et leur environnement, et en plusieurs projets de recherche fédérateurs sur des questions communes. Cette école a ainsi pour but de fédérer et former les chercheurs aux questions abordées par l’ethnoécologie et le champ de recherche sur les interactions bioculturelles et de rassembler la communauté francophone.

Objectifs scientifiques

- Comprendre la trajectoire historique et l’intégration de cette discipline dans son environnement épistémologique

- Permettre l’échange, autant sur le plan théorique que méthodologique, et la structuration (voire la restructuration) des thématiques de l’ethnoécologie autour du champ des interactions bioculturelles

- Eveiller les participants à l’interdisciplinarité inhérente à l’ethnoécologie et ses liens avec d’autres disciplines telles que l’écologie historique, l’archéobotanique, la géographie humaine

- Permettre à des participants de domaines variés de se rencontrer et de stimuler leurs recherches respectives

Objectifs de formation

Le format de l’ET est adapté pour donner des cours avancés par des chercheurs et enseignants chercheurs de la discipline dans un cadre convivial, avec des temps de discussion, des tables rondes prolongeant les cours. Ces quatre jours d’émulation collective favoriseront les échanges et la maturation des idées. Ce format permet à la fois de discuter des concepts fondamentaux et des évolutions récentes de l’ethnoécologie, d’aider à sa structuration, et de mieux envisager son intégration avec les différentes disciplines s’articulant autour des interactions bioculturelles, de transmettre des expériences de terrain et académiques, d’initier un réseau, et de fortifier des relations existantes ou à venir.

Constats

L’absence de filière dédiée à l’ethnoécologie et aux études des interactions bioculturelles intégrant les autres disciplines afférentes fait que les parcours des étudiants et jeunes chercheurs sont souvent très disparates. Si cela stimule l’interdisciplinarité, cela peut aussi parfois provoquer un manque de structure dans la formation et donner aux plus jeunes l’impression d’un manque de cadre académique. L’école thématique sera en premier lieu destinée aux participants souhaitant renforcer les bases qu’ils auront acquises au cours de leurs parcours respectifs, tout en leur ouvrant de nouvelles perspectives. Enfin, l’interdisciplinarité forte de ce domaine permettra à des chercheurs installés d’aborder leurs objets de recherche habituels avec un autre regard.

Public concerné

- Prioritairement : chercheurs/enseignants-chercheurs/post-doctorants en ethnobiologie, anthropologie, géographie, écologie et dans les disciplines affinitaires en demande de support théorique et méthodologique.

- Secondairement : doctorants dans ces mêmes thématiques et/ou intéressés par l’élargissement de leurs thématiques de recherches aux champs de l’ethnoécologie et par des collaborations avec des chercheurs d’autres laboratoires.

Prérequis

Il n’y a pas de prérequis exigé, sinon une expérience préalable de travail de terrain en lien avec l’ethnobiologie/ethnoécologie et les interactions bioculturelles afin d’ancrer la formation dans une base concrète. Une expérience, voir une curiosité pour des approches interdisciplinaires, est souhaitée.